LA 4ÈME dimension du karate-dô
art de defense et de combat a mains nues

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Kase Taïji O Sensei
(Photo J.L.Chardome / Edition SEDIREP 1982)
Gasshô Gyôki - Dessin Bruno Garnero
Chaque fois que j'eus le privilège de m’incliner sur la stèle du Karatedô " SHOTOKAN ", située à une cinquantaine de mètres à peine du " Emadôjô " au Monastère d’Enkakuji, situé à Kita-Kamakura, mes pensées, portées par la fumée d’encens, ont toujours observé avec attention le message, inscrit par un des moines-pratiquants de ce lieu … 
 
 
Cette calligraphie, sculptée dans le marbre, rappelle l’origine de cet art martial et le sens des sons " Kara " …" Te " …" Dô " que je m’attache toujours à expliciter en stages. Bien-sûr, des milliers de pratiquants savent depuis un demi-siècle ce que signifient ces termes … Je ne me rajouterai donc pas à la longue liste d’experts qui se sont attachés à vouloir refaire l’Histoire du Karatedô : il suffit d’ailleurs de taper ce terme pour accéder à tous les sites traitant de cette discipline et l’on a ainsi, des versions, comme toujours semblables, mais bien différentes … suivant la plume !


Il n'en demeure pas moins nécessaire, en 2024, de préciser la véritable origine de cette calligraphie de  " Kita-kamakura ". En effet, l'idéogramme " Kara ", qui à l'origine, signifiait  " Chine " et donc littéralement, cet art de combat se nommait : " La main de Chine ". Mais, l'évolution spirituelle du Karatedô, considéré à ses débuts, comme un art de combat qui n'appartenait pas à la Grande Doctrine martiale du Japon, les circonstances et les défis très nombreux qui durent être relevés, non seulement par le Maître fondateur Funakoshi Gichin mais surtout par son fils Yoshitaka, conduisirent certains à reconsidérer la signification de l'idéogramme " Kara ", non plus, comme celui précisant l'origine chinoise de ces techniques, mais révélant d'emblée, le secret de la  " non - intention ", vers laquelle le Maître Kase Taïji s'employa à nous guider jusqu'à sa mort, le 24 novembre 2004.
Lui qui fut rompu à de nombreux défis réels, lui qui pratiqua toute sa vie en sachant témoigner avec pudeur de son expérience et de son rapport à la mort, en maintes circonstances, il sut, jusqu'à ses ultimes instants, nous faire ressentir ce que représentait pour lui la quatrième Dimension du Karatedô.
Dès 1979, il m'encouragea à poursuivre avec constance ma pratique de Respiration, de Kyûdô, de Kiaï no Shugyô et ce ne fut que plusieurs années plus tard, que je fis le lien avec la dimension du Samuhara no Bu, transmis par Nakanishi Seiun O Sensei.

Stèle - mémorial du Karate dô-Enkakuji - Kamakura /Photo Bruno Garnero 1986
En effet, un jour de mes 24 ans, il me dit : " Bruno, vous êtes jeune, vous avez un beau chemin devant vous, grâce au Professeur Tsuda ". Dans son Français ", il me dit aussi : "est-ce que vous déjà vu fantôme " ? Il me confia alors, qu'après la mort de Funakoshi Yoshitaka, fils prodigue du Fondateur de Karatedô Shotokan, se retrouvant " orphelin " dans sa pratique après la guerre, par la disparition de ses Instructeurs, engagés comme Kamikaze, il constata que le Maître Yoshitaka venait le voir, en rêve, pour lui enseigner des techniques nouvelles...
Quelle ne fut pas sa surprise quand une nuit, assis sur son futon, il se donna deux gifles pour s'assurer qu'il ne rêvait point...
En effet, cette fois-là, ce ne fut pas  " en rêve " que ces techniques lui furent enseignées, mais bien en réalité. Il conclut pour m'inviter à poursuivre ma recherche, telle que je l'avais amorcée douze ans plus tôt qu'il me serait un jour possible de vivre la même expérience...
Et ce fut le cas ! 
Le chemin de Maître Kase Taïji 
Un quart de siècle durant, via la pratique, j’ai tenté d’identifier les origines et la singularité du chemin emprunté, puis tracé pour des milliers de pratiquants dans le Monde, par Kase Taïji O Senseï… 
 
Force fut de constater que j'étais bien loin de pouvoir prétendre accéder un jour au tiers, du dixième, du quart, de cette 4ème dimension du Karatedô qu’il évoquait souvent et que son Enseignement nous poussait tous à rechercher, sur les cinq continents.
 
Avant de devenir un de ses élèves les plus proches, en janvier 1967, au moment où je souhaitais apprendre l’Aïkidô, du haut de mes 13 jeunes années, j'étais resté quelque peu marqué par une agression collective d’un groupe d’une quinzaine d’hommes plus âgés, armés de ceinturons, de bouteilles cassées, décidés d’en finir avec notre moniteur de colonie de vacances qui, âgé de 18 ans, s’était interposé pour aider une jeune fille en difficultés, sur une fête foraine, à Auray, dans le Morbihan… Malgré sa pratique assidue de Jûdô, il se retrouva vite en sang et ce fut un miracle pour nous, non seulement, de le soustraire à ce morbide " jeu de massacre " mais de parvenir à le cacher dans un ruisseau afin d’attendre la nuit et d' éviter que ce groupe ne le retrouve et n’en finisse avec lui.
Intérieurement, je me fis une promesse d'apprendre à me défendre et à combattre, y compris dans ce genre de situation désespérée.
Kase Taiji O Sensei - Pratiques 1979 / Photo Guy Grandin
Décision prise  
L’impatience aidant, je me trouvais promptement en présence d’une discipline alors peu répandue et pour laquelle le dôjô envisagé ne pouvait encore m’accueillir…l'Aïkido de mes rêves, motivé par un court métrage, noir et blanc de 1964, présentant des pionniers de cette pratique, en  particulier André Nocquet, fut pour moi une déception, car je ne pus m'inscrire dans ce dôjô de la rue Saint Maur à Paris et le hasard,  "qui n'en est jamais un " , me conduisit lors d'une promenade sur les boulevards du 14ème arrondissement, jusqu'à une annonce collée sur une gouttiére.  
J’eus alors la chance de commencer la pratique du Karatedô à Paris, dans un dôjô qui aida Maître Kase à cette époque et je ne saurais donc poursuivre sans remercier monsieur le Professeur Jacques De Peretti qui enseignait les arts martiaux, près de la station de Métro Plaisance . 
Plus tard, au Printemps 1971, je participais au premier stage d’entraîneur militaire de Karatedô organisé, par le Capitaine Ratte de l’Armée de l’Air, à l’E.I.S Fontainebleau. 
Nous étions des " pionniers ", issus de diverses unités de la Marine et des armées. Nous pratiquions un Karate d’époque, qui se mariait autant au monde compétitif des sports de combat ( avec des instructeurs connus tels que le Professeur Guy Sauvin ), qu’à l’Esprit plus combatif, plus rude du Close-Combat " lié à certaines de nos fonctions, au sein des Commandos Marine.
 
Cependant, je restais imprégné de la présence de Me Kase qui s’entraînait alors quasi secrètement, les matins de bonne heure, dans ce petit dôjô méconnu dont l’atmosphère de travail, ce " Kimochi " particulier, aux parfums mêlés de bois, de sueur et de tatamis, livrait à mon insu une quête durable…qui ne cessa de s’affirmer avec le Temps !
1ers entraînements...  Guy Grandin - Jean - Claude Amand - L' auteur 
Années 70 - (Photos Guy Grandin)
(Photo Linda Boussard)
Curieusement, en 1972, le destin me plaça en demeure d'aider deux de mes camarades aux prises avec 18 hommes armés de rasoirs.
Ma pratique martiale de l'époque, y compris du " Close - combat ", n'était que trop basique, pour oser imaginer me tirer d'affaire d'une telle situation.
Pourtant, sans crainte-aucune, je me suis placé entre mes deux camarades et promptement, par une technique qui surgit de moi-même, sans que je n'y prenne garde et qui évita que le rasoir ne tranche la gorge de mon frère d'arme. A cet instant, une vibration particulière s'instaura et je sentis dans ce groupe d'hommes armés, rompus aux combats avec couteaux et rasoirs, qu'ils tenaient dissimulés le long de leurs jambes, que les techniques martiales, quelles qu'elles soient ne suffiraient pas. En effet, quelque temps auparavant, ma mère m'avait relaté une triste anecdote concernant un de ses amis, visiteur médical, diplômé de plusieurs dan de Karatedô et qui voulut protéger sa valise professionnelle, face à trois intrus armés de rasoirs. Certes, il conserva la malette et empêcha ses hommes de lui dérober mais ce fut au prix de blessures épouvantables au visage qui le défigurèrent à vie.
C'est vous dire que, me retrouver à l'âge de 19 ans, face à une bande de gens résolus, armés de rasoirs qui n'étaient pas trois mais 18, intérieurement, je ne me faisais aucune illusion sur nos chances.
Le second frère d'arme qui était un spécialiste de boxe, voulut déployer son savoir mais là-aussi, une force étrange me fit lui appliquer violemment une tehnique pour le scotcher au mur et lui éviter, à lui aussi, un coup de rasoir mortel. 
Certes, nous allions être tous les trois blessés gravement, mais à ce moment-là, une force encore plus étrange me fit dire à tous ces hommes que si tel était le cas, aucun d'eux ne se sortiraient vivants de cette confrontation. Ma conviction fut telle qu'ils replièrent leurs rasoirs et sortirent de cette salle de danse de Lorient dont le patron me demanda aussitôt de travailler pour lui ! 

Aujourd'hui, je peux vous partager que ce genre de situation, j'y ai été confronté plusieurs fois. Comme en 1985 au Liban, dans mon poste d'  observation de la colline 888, située à 6 mètres d'une tranchée musulmane Druze, dans la montagne libanaise.
Mais je puis vous dire que l'Esprit de la 4ème Dimension du Karatedô, du Samuhara no Bû fut véritablement à mes côtés dans ces moments où l'intégrité de ma vie fut menacée. 

S'agissant du rapport à la mort, j'ose souligner, avec force, combien nous avons tous tendance à relier nos fins de vie respectives, tantôt à la fatalité, mais aussi à ce " hasard " qui n'en est jamais un. Aussi, en ce mois de décembre 2024, je m'incline plus que jamais, à la pensée de cette 4ème Dimension du Karatedô de Maître Kase car je pus constater par moi-même, le lien direct établi avec "Shimei ", la mission d'Existence
Premiers entraînements particuliers - Octobre 1979 - Photo Guy Grandin
Un hasard qui n'en fut pas un : Maître Kase et la Marine 
Maître Kase Taiji se rendit en effet à bord du porte-avions " Clémenceau ", au début des années 70 et en 1984, honora de sa présence, sur ma demande expresse auprès du Commissariat aux sports militaires, les trois jours du Championnat de France de Karate de la Marine Nationale et la veillée martiale du 29 février 1984, en présence de 1700 spectateurs.
Lui-même, en 1944, alors jeune officier, s’enrôla dans les unités " Kamikaze " de la Marine japonaise et sut nous conter souvent ce véritable " Esprit Samouraï " qui animait les cœurs de ses camarades, partis en mission avant lui et qui offrirent ainsi leurs vies…
Kase Taiji O Sensei
Fudô Shin Cherbourg 
(Images AER France - 1988)
Berry sud ( Photo AER France 2018)
(Photo AER France 2023)
( Photo Shurin Teï dôjô Juin 2020 )
Au moment où Monsieur Clint Eastwood nous offrait le très beau film, " Lettres d’Iwojima ", il soulignait ainsi ce phénomène de " Ai-Uchi ", destruction mutuelle, solution extrême, requise par des êtres ou des nations, pour régler violemment par le " corps ", ce que l’Ame peut régler par le Cœur, le regard et la détermination qui traversent même la matière...

Ce document cinématographique livre quelques voies de compréhension sur le mécanisme du rapport de force qui conduit à la Guerre entre Pays, entre Cultures mais qui ne peuvent occulter le " particulier " de la Relation Humaine, cette dimension qui exprime, dans chaque camp, les mêmes horreurs mais surtout, les mêmes noblesses de Cœur… 
Par ailleurs " Le Dernier Samouraï ", cette fresque hollywoodienne très bien interprétée ( bien que quelque peu erronée) et relative à la quête, à la vie de Takamori Saïgo, légendaire samouraï de Hayatô et chef de la rébellion de Satsuma, avait déjà révelé au grand public l'esprit du Bushido
Grâce à la Famille de Maître Kuwabata, je suis allé souvent sur les pas de ce samouraï " hors-norme " pour visiter sa maison près du Sanctuaire de Kagoshima et la grotte où il résolut de mourir par le rituel de " Seppuku ". 

De même, j' avais tenu à visiter le Mémorial des  pilotes " Kamikaze " de cette même région car ce terme est désormais usurpé, dans le monde médiatique, par bon nombre d’individus qui tuent sans vergogne, des civils, des enfants, pour justifier leur cruauté et leur non-respect de la Vie ! 
Ce ne sont pas des " Kamikaze ", ce sont des assassins ! 
Au Japon, cette notion de " Vent divin " anima des guerriers qui sacrifièrent leur vie pour le " Respect du Sol " et ils le firent selon le Code du Bushidô, ce Code d’Honneur, cher aux samouraïs comme Saïgo Takamori, c’est-à-dire de " guerrier à guerrier "… 
Ainsi, les pilotes " Kamikaze ", les torpilles humaines par exemple, n’étaient vouées qu’à combattre l’Armée adverse des Etats-Unis d'Amérique.
Mais je voudrais préciser quelque chose qui me tient à cœur et que Monsieur Clint Eastwood met parfaitement en évidence dans ce film "Lettres d’Iwojima" : les officiers de haut rang, notamment les Amiraux, furent parmi les premiers à parler la Langue anglaise au Japon et ils étaient tournés vers l’Occident :  ils aimaient l’Occident et, en fait, ne souhaitaient pas la Guerre ! 

En Juin 1986, Maître Kitajima Yoshio me présenta à l'Amiral Okimoto Itaru, alors âgé de 103 ans. Il n’avait plus ses yeux mais, en revanche, il avait une poignée de main de jeune homme. Cet Officier Général aimait à me montrer des albums-photos d’avant-guerre car il se rendait souvent à bord de vaisseaux occidentaux, comme le bâtiment de guerre français " Primauguet "…
Alors, les yeux fermés, il me commentait ses souvenirs heureux de cette époque et son émotion traduisait bien l’âme et la noblesse de cœur, avec laquelle il servit sous les ordres de l’Amiral Yamamoto !
Amiral Okimoto Itaru - Kitajima Yoshio O Sensei & l'auteur - Photo Famille Okimoto 1986
Lui, comme tant d’autres, furent entraînés dans cette logique de Guerre et ils étaient prêts, en effet, à donner leur vie pour sauver la Terre du Soleil Levant mais, le paradoxe que je viens de relater, démontre bien le gâchis de toutes les guerres… 
Malheureusement, tous les japonais ne pratiquaient pas le " Budô " et, comme dans tous les conflits, il y eu des gens cruels des deux côtés de l’Océan… personnages difficiles à contenir, pour le commun des mortels . 
La pratique du Budô inclut le respect de la Vie et donc la chance qu’il faut toujours lui donner, en tout premier lieu, avant de recourir à la " force " pour se défendre ou protéger Autrui ! 
 L’Etre Humain est également capable de sauver des vies, même celles de ses ennemis

Lorsqu'il étudie le " Ame no Takemusu ", cet Esprit du Guerrier de l’Ame favorise autant, vigilance et prise de conscience, que les moyens physiques et psychiques et l'adversaire, même dangereux, peut être respecté, voire même, épargné, quand on devient capable d’identifier avec l’expérience, ce qu’il y a de meilleur en Lui
Heureusement pour des milliers d’élèves, la Mission de Kase O Sensei ne fut pas de mourir sur une torpille humaine mais de servir la cause du Budô avec une grandeur d'âme de véritable samouraï. Chaque 9 février, date de son anniversaire, je ne puis que lui dédier ces pensées et honorer sa mémoire !
Vous comprendrez peut-être pour quelles raisons je me suis éloigné peu à peu de cet hypnotisme collectif tourné vers la compétition, l’acquisition de titres, de médailles et de "dan", je dirais même, d’un rapport de force vulgaire et d’un manque de respect très éloignés de l’Esprit " Budô " … 
Chaque entraînement personnel et collectif, sous la férule de Maître Kase, me rapprochait pleinement de ce qui ne pouvait se limiter ainsi aux sports de combat. 
DEDICACE
Qu'il me soit permis de dédier ce site à mon fils Charles, Taiji, Heijiro, né le 5 février 1984, selon le  " Principe de vie saine " préconisé par le Maître Noguchi Haruchika et Tsuda Itsuo. Pour que son chemin vers 2080 puisse lui offrir tous les chants possibles du " Guerrier de l'Ame " ...
Charles Garnero - Shurin Tei - Photo Bruno Garnero
Baptême Charles Garnero - Cascade de Martinvast - 11 avril 1988
Photo Bruno Garnero
Kabuto miniature - Casque samouraï - Offert à Charles Garnero à son baptême le 11-04-88 par Kase Taiji O Sensei
Photo Bruno Garnero
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